Je suis allée faire des courses
Nous nous sommes rendu compte que nous avions du stock, certes, mais ni fruits, ni lait, ni produits laitiers tout court d'ailleurs, plus de sacs poubelle ni de litière pour les chats.
J'ai rempli mon attestation de sortie, et suis partie à l'aventure.
La dernière fois que j'ai vu aussi peu de monde sur les routes, c'était lors de nos vacances en Lozère il y a deux ans.
La dernière fois que j'ai vu des rayons aussi vides, c'était après l'annonce de la guerre du Golfe au début des années 90.
La dernière fois que j'ai vu des trottoirs aussi déserts... bon, ça c'est assez courant passé 19 heures ici en cette saison, quand les commerces ont fermé, mais normalement jamais en pleine journée...
Deux gendarmes tournent la tête dans ma direction, hésitent, voient que je porte des sacs de courses, reprennent leur route.
Des plaques en plexi entre les caissières et nous, des rideaux en métal baissés, la majorité des personnes croisées portant des gants, mais très peu de masques. Regards coulissants quand l'un approche l'autre de trop près...
... accrocher un regard connu, prendre des nouvelles. L'étudiante coincée à l'étranger, le cas suspect dont on attend l'évolution, l'inquiétude pour la boîte obligée de fermer les portes, la perplexité, générale.
Penser à ses gestes, et remarquer que le temps de remplir son panier, il a fallu arrêter trois fois la main qui se dirigeait mécaniquement vers le visage.
Utiliser son flacon de gel dès le retour à la voiture, rentrer avec une impression générale de vague malaise...
C'est vraiment, vraiment, une période bizarre.