En fait, ce lion est un chat...
Confrontée à mes bizarreries de fonctionnement dont certaines ont pu constituer de sérieux freins à différents moments de ma vie, je commence à analyser mes mécanismes internes en situation d'apprentissage.
J'ai aujourd'hui compris quelque chose de fondamental : j'ai suis lente à accéder à la phase de généralisation.
Splications.
Prenons un exemple simple, tant pis s'il parait caricatural, l'essentiel étant d'en comprendre l'idée générale.
Imaginons qu'il faille apprendre à distinguer les chats des lions. Que pour cela on vous présente une liste des caractéristiques principales des deux bestioles, ainsi que quelques images de l'un et de l'autre. La quasi généralité de la population sera rapidement capable, avec ce bagage théorique, de distinguer les chats des lions.
Pas moi.
Parce que en présence d'un chat tel que celui là,
je me poserai des questions rapport à sa "crinière", envisagerai des possibilités de croisement interespèce, l'existence possible d'une espèce jusqu'alors inconnue, ou que sais-je, j'irai alors me plonger dans la génétique évolutive, réaliser un répertoire de tous les animaux potentiellement proches du chat et du lion, me passionnerai au passage pour les caractéristiques du guépard, champion de course à pieds, ressentirai le besoin impérieux de revoir le film de Visconti avant d'aller me perdre dans les histoires de chasse aux lions mangeurs d'homme et de d'hommes mangeurs de chat (parce que c'est symétrique, et la symétrie c'est plus fort que moi) en méditant sur le rapport de taille entre prédateurs et "prédatés".
En situation d'examen, contrainte de me limiter aux indications proposées, je serai malgré tout parasitée par un tas de détails inutiles :
- on ne voit pas la queue sur la photo, ce qui serait pourtant un critère décisif dans ce cas précis,
- l'animal a de grosses pattes, plus grosses que celles qu'on m'a fait observer chez les chats,
- etc,
et finirai par me dire qu'il y a forcément un piège, donc répondrai qu'il s'agit.... d'un lion !
En définitive, pour apprendre à distinguer le chat du lion, j'ai besoin de voir beaucoup plus de photos que la moyenne, car j'ai besoin de connaître la longueur type et la distribution des poils des chats angoras, les caractéristiques de toutes les variétés de chats tant qu'on y est, de comprendre le mode de vie respectif des deux espèces (ça donne des indices pour confirmer leur identification sur les photos), leur régime alimentaire... et alors seulement je serai en mesure de faire la différence.
Sauf que personne n'a besoin de tout ce fatras de connaissances pour distinguer un chat d'un lion (à part moi), que tout le monde réussit brillamment le test en donnant la bonne réponse, "chat" (à part moi) et que mes proches font des yeux ronds quand ils découvrent mes performances, parce qu'ils attendaient tous tellement mieux de moi (pas moi, trop habituée à mon côté sous-réalisateur).
Il se pourrait que cette particularité soit génétique : un professeur de Miss Minerve m'a fait remarquer qu'entre ses interventions en cours et ses résultats aux devoirs de classe, il y avait une différence qu'il n'arrivait pas à expliquer, et que c'était, en situation d'examen, "comme si elle se débrouillait pour faire tous les types d'erreurs possibles"...
Les Lions font pas des Chats... ^^